Vous trouverez ici les réponses aux questions les plus courantes sur le plan de lutte contre la prolifération des algues vertes, ainsi que les dernières actualités de fin juillet 2024.
Comment explique-t-on le développement des algues vertes sur certaines côtes ?
Les algues vertes font partie de l’écosystème marin breton. Elles sont communément appelées laitue de mer pour leur aspect de grosse salade et parce qu’elles sont comestibles.
Pour en savoir plus : https://www.algues-vertes.com/comprendre/quest-ce-que-les-algues-vertes/
Mais dans quelques zones côtières, leur développement excessif entraîne des « marées vertes ».
Depuis les années 1970, la Bretagne est confrontée à ce phénomène. Les algues vertes se développent principalement en raison de la combinaison de plusieurs facteurs. C’est cette conjonction qui peut entraîner des échouages plus ou moins importants d’algues vertes sur quelques zones côtières bien identifiées, du printemps à l’automne.
Les 3 facteurs favorisant le développement des algues vertes sont :
- des conditions météorologiques (températures, ensoleillement, pluviométrie etc.).
- la morphologie du littoral : dans les baies fermées, peu profondes et en pente douce, les algues, peu exposées à la houle et bénéficiant d’une eau claire, prolifèrent plus facilement, ce qui est encore accentué par le faible renouvellement de l’eau,
- l’azote, sous forme de nitrates qui nourrissent les algues,
- des conditions météorologiques (températures, ensoleillement, pluviométrie etc.).
Pour en savoir plus : https://www.algues-vertes.com/comprendre/les-origines-des-marees-vertes/
Quels sont les risques ?
Les algues vertes ne représentent aucun danger pour la santé lorsqu’elles sont en mer ou déposées depuis peu, en faible épaisseur, sur la plage.
En revanche, en cas d’accumulation importante, leur décomposition au soleil produit des gaz dangereux (du H2S, hydrogène sulfuré) pour l’homme comme pour l’animal.
Quelles sont les actions de court terme mises en place pour réduire les risques liés à ce phénomène ?
Dans le cadre du Plan de lutte contre les algues vertes (PLAV), un ensemble d’actions est mis en place par les autorités pour faire face à ce phénomène et limiter au maximum les risques potentiels pour la santé :
- Les algues font l’objet d’un ramassage systématique sur les plages puis elles sont transformées en compost ou directement épandues sur des surfaces agricoles (c’est le volet curatif du PLAV).
- En cas d’impossibilité de ramassage (secteurs difficiles d’accès, rochers, vasières…), les zones concernées sont interdites d’accès avec mise en place d’une signalétique spécifique.
Le PLAV 2022-2027 instaure par ailleurs un nouveau volet sanitaire porté par l’agence régionale de santé de Bretagne qui se traduit par la mise en place d’un réseau de 17 capteurs d’hydrogène sulfuré sur les sites les plus sensibles, associée à l’information du public et des personnels de santé face au risque sanitaire induit par les émanations de gaz produites par la putréfaction des algues vertes.
Quelles sont les expérimentations conduites sur la collecte des algues en mer ?
La priorité du PLAV est avant tout d’intervenir au niveau préventif en limitant les fuites d’azote aux exutoires. Mais des solutions techniques de collecte d’algues en mer peuvent être un levier complémentaire pour gérer certaines situations sensibles/critiques et localisées, mais également pour réduire le stock hivernal d’algues vertes en mer, facteur important de précocité de la prolifération.
Les tests réalisés ces deux dernières années sur le navire développé par l’entreprise Efinor de Paimpol ont mis en évidence des difficultés pour accéder aux zones de concentrations des algues. Il s’agit désormais de transformer le navire pour le rendre amphibie et lui permettre d’accéder à ces zones, puis de tester ce nouveau processus de collecte. L’enjeu sera ensuite d’évaluer l’impact potentiel du roulage sur le milieu naturel. Les travaux d’adaptation du navire pourraient prendre plusieurs mois, compte-tenu de la tension sur les chaînes d’approvisionnement des pièces.
D’autres solutions de collecte ou de filtration en amont pour éviter les échouages ont été testées, dont une technique de pompage par aspiration, début juillet, à Guissény (29) dans la baie du Guillimadec – Alanan. Le projet est porté par l’entreprise Azollaé. Le navire utilisé a toutefois rencontré une avarie, et les tests ont dû être arrêtés. Le navire va être remis en état de fonctionnement dans les prochaines semaines. L’entreprise espère pouvoir reprendre les tests fin août / début septembre.
A Hillion, une nouvelle machine a été testée en juin dernier en bord de mer, à l’initiative de Saint-Brieuc Armor Agglomération. Il s’agissait de tester un engin de ramassage à terre, plus léger que les tracteurs aujourd’hui utilisés, afin d’éviter l’accumulation d’algues vertes dans des sites au substrat peu portant. Il est trop tôt pour se prononcer à ce stade sur l’efficacité du procédé et la suite à donner à ces tests.
Comment l’État et les collectivités agissent-ils pour prévenir le développement des algues, à long terme ?
Afin de prévenir le développement excessif des algues, les agriculteurs et les acteurs locaux sont accompagnés, par du conseil et des aides directes, vers des pratiques et des systèmes agricoles limitant les fuites d’azote dans les cours d’eau puis la mer.
Le plan 2022-2027 comprend un volet préventif, d’un montant prévisionnel de 110 M€. De nouveaux dispositifs d’accompagnements des agriculteurs ont été déployés :
- Les paiements pour services environnementaux (PSE) permettent aux agriculteurs volontaires de bénéficier d’une aide proportionnelle à leur niveau d’engagement dans des pratiques vertueuses.
- Les chantiers collectifs, déjà en place sur le PLAV 2 pour la réalisation de semis précoce de couverts végétaux, ont été élargis à d’autres travaux, comme la fertilisation de précision ou à des périodes optimales pour la limitation des fuites en nitrates.
- Une nouvelle mesure agro-environnementale et climatique (MAEC) spécifique aux baies algues vertes a été lancée depuis 2023.
De plus, le nouveau PLAV renforce les actions préventives en déployant sur les huit baies algues vertes bretonnes des zones sous contraintes environnementales (ZSCE). Ces zones fixées par arrêtés préfectoraux définissent des indicateurs et objectifs à atteindre au plus tard en 2025 pour chaque exploitation agricole concernée. En fonction de l’atteinte de ces objectifs ou du respect de ses indicateurs, l’État sera amené fin 2025 à proposer le maintien de chaque exploitation dans une phase volontaire, accompagnée et aidée, ou le basculement vers une phase réglementaire, pendant laquelle les agriculteurs seraient contraints à certaines mesures supplémentaires, sans financement.
Quels sont les moyens financiers mobilisés sur le PLAV 2022-2027 ?
Le budget total du PLAV pour la période 2022-2027 peut être estimé à 130 M€, co-financé par l’État, le Conseil régional, les Conseils départementaux des Côtes-d’Armor et du Finistère, les collectivités des 8 baies concernées. Ce montant correspond quasiment à un doublement du montant disponible pour le PLAV 2. Il illustre l’effort et la volonté des acteurs de répondre aux enjeux environnementaux, économiques et sociaux des territoires baies algues vertes.
Des mesures réglementaires sont-elles également prises par l’État ?
En parallèle des démarches ZSCE, le préfet de région a signé le 24 mai 2024 le 7ᵉ Programme d’Action Régional (PAR 7) nitrates, qui introduit un certain nombre d’obligations spécifiques pour les exploitations ayant des parcelles sur les bassins versants algues vertes :
- définition d’un seuil d’alerte pour les reliquats d’azote dans le sol ;
- obligation de bandes enherbées de 10 m le long des cours d’eau ;
- limitation du surpâturage ;
- calcul obligatoire de l’efficacité de la fertilisation (différence entre azote produit et azote apporté) et application d’un plafond de fertilisation en cas de dépassement
- contrôle de l’étanchéité des ouvrages de stockage d’effluent d’élevage.
Pour en savoir plus : https://www.bretagne.developpement-durable.gouv.fr/7o-programme-d-actions-regional-directive-nitrates-a5782.html
En complément, une démarche associant la chambre d’agriculture de Bretagne, l’association Eaux et Rivières de Bretagne et l’État a été engagée pour améliorer son efficacité environnementale et la lisibilité de ses prescriptions. En fonction des propositions émises, le préfet pourra lancer un processus de révision du PAR 7.
Quels sont les résultats déjà obtenus à ce jour ?
La dynamique globale de l’évolution des concentrations en nitrates dans les cours d’eau est à la baisse depuis le premier plan algues vertes (voir les chiffres recueillis par l’OEB). Chaque territoire a fixé des objectifs de qualité de l’eau en termes de baisse de nitrates, ceux définis pour 2021 sont atteints, ce qui montre que la dynamique visée est respectée.
On constate donc une véritable tendance à la réduction des teneurs en azote. Cependant, les différentes modélisations scientifiques permettant d’estimer l’évolution des teneurs en nitrates en fonction des pratiques agricoles montrent qu’il y a nécessairement un temps long avant d’avoir une baisse effective. La lutte contre la prolifération des algues vertes est donc une action à maintenir sur la durée pour qu’elle produise ces effets. Il importe donc pour l’État et l’ensemble des partenaires d’assurer une mobilisation importante des agriculteurs dans l’évolution de leurs pratiques, dans l’objectif de limiter les fuites d’azote, en s’appuyant sur une articulation étroite entre dispositifs volontaires et réglementation environnementale.
De plus, la dynamique de reconduction des algues d’une année à l’autre peut conduire à une précocité élevée de la prolifération, si l’hiver n’a pas joué de rôle dispersif. La présence d’un stock d’algues important en sortie d’hiver dans les baies peut donc masquer les effets d’une baisse effective des concentrations en azote aux exutoires des cours d’eau. C’est notamment ce qui explique que malgré la baisse des rejets en azote, certaines années récentes ont encore connu de forts échouages.
Quelle est la situation en termes d’échouages pour cette année ?
Le suivi des surfaces d’échouages est assuré par le Centre d’étude et valorisation des algues (CEVA), qui effectue chaque mois une revue par avion des côtes bretonnes. Lors du survol du mois de juin, la surface régionale couverte par les ulves sur les baies sableuses avait progressé fortement, ce qui était attendu à cette période et renforcé par le niveau « modeste » de mai. Cette augmentation était surtout le fait de la baie de Saint-Brieuc, de Saint-Michel en Grève et de Douarnenez (+90 % de l’augmentation mesurée). Malgré cette très forte progression, le total de juin 2024 était environ 15 % inférieur à la moyenne 2002-2023.
À l’occasion de son survol mensuel les 6 et 7 juillet, le CEVA a pu relever que la surface régionale couverte par les ulves sur les baies sableuses diminuait légèrement (environ – 10 %) par rapport au mois précédent. Mais cela était très probablement dû aux conditions dispersives de début juillet, qui pourraient avoir entraîné une minimisation temporaire des dépôts sur la plupart des sites, en particulier en baie de Saint-Brieuc où une baisse avait été observée. Début août, le CEVA a constaté un repli dans certaines baies (Douarnenez) et des augmentations dans les sites du Finistère nord, habituellement plus tardifs. En moyenne, les surfaces mesurées sont stables par rapport aux mesures de juillet. Au niveau régional, les surfaces mesurées sont à ce stade inférieures d’environ 25 % à la moyenne 2002-2023.
En termes de ramassage, le total des volumes traités par les collectivités au 28 juillet était de 11 316 tonnes (moyenne des 10 dernières années à la même date : 12 488 tonnes).