Les conditions météorologiques hivernales ainsi que des observations aériennes ponctuelles réalisées au cours de ce mois de mars par le CEVA avaient fait anticiper un démarrage similaire à l’année 2021 : précoce sur les baies de la Fresnaye et de Saint-Brieuc, tardif sur les autres sites. Les premiers survols des principaux sites, réalisés les 16 et 18 avril, ont permis de préciser la situation de ce début de printemps 2022, qui s’avère encore plus contrastée que l’an dernier.
Les surfaces couvertes par les échouages d’algues vertes sont très variables d’une année à l’autre. Elles dépendent en effet de deux composantes distinctes et complémentaires :
• d’une part, la précocité de la prolifération des algues au printemps, qui est étroitement liée au report du stock d’algues de l’automne précédent,
• d’autre part, la croissance des algues en été, qui dépend des apports nutritionnels (flux de nitrates) entre mai et août.
Des situations très contrastées selon les baies
La baie de la Fresnaye présente des couvertures très étendues d’ulves, comme cela avait déjà été relevé lors d’un survol le 4 mars, attestant de l’importance du report des stocks de l’année dernière. La première estimation conduirait à un niveau de 5 à 10 fois la moyenne pluriannuelle, soit quasiment l’équivalent de la situation de 2009, année la plus précoce enregistrée.
La baie de Saint-Brieuc présente des dépôts d’ulves déjà très importants pour la période, puisqu’ils sont environ 3 fois supérieurs à la moyenne pluriannuelle. Ils seraient ainsi supérieurs à ceux observés à la même période en 2021 mais inférieurs aux mois d’avril 2017 et 2019, qui avaient connu des pics.
Dans le même temps, les autres baies sableuses apparaissaient indemnes de gros échouages d’ulves. Pour autant, certains sites (Binic/Etables, Guisseny, Keremma, Larmor Plage, Moguéran, Trestel) présentent de petites quantités d’ulves en mélange avec des algues brunes ou rouges.
A l’échelle régionale, le niveau d’échouages pour avril 2022 serait ainsi équivalent au double du niveau pluriannuel mesuré depuis l’année 2002. Il serait cependant inférieur de 50 % au niveau de 2017, année la plus précoce. Ce niveau est dû essentiellement à la situation des deux baies les plus chargées en algues, Saint-Brieuc et la Fresnaye.
Prévisions 2022
En termes de prévisions pour la suite de 2022, on relève la présence d’ulves sur une bonne partie des sites, y compris certains habituellement tardifs, même si les surfaces sont faibles. En fonction des conditions météorologiques (intensité de l’éclairement, éventuels coups de vent), ces sites pourraient donc voir ces surfaces augmenter très fortement.
A contrario, les baies de Saint-Michel en Grève et du Douron, qui ne présentaient pas d’ulves dans les dépôts présents, pourraient restées peu chargées en mai.
Quant aux baies de la Fresnaye et de Saint-Brieuc, actuellement chargées, elles pourraient voir leurs surfaces augmenter fortement, comme cela a été le cas lors d’années présentant les mêmes caractéristiques.
Les conditions météorologiques des prochaines semaines seront déterminantes : le maintien des conditions actuelles d’ensoleillement et de temps calme serait susceptible de favoriser une croissance particulièrement soutenue, alors que des conditions moins lumineuses et plus « agitées » pourraient limiter l’accroissement des couvertures.
A plus long terme, des conditions d’instabilité (vent/pluie), qui s’accompagneraient d’une remontée du débit des cours d’eau en mai puis en juin, pourraient provoquer une poursuite des proliférations au cours de l’été. En revanche, un temps qui resterait sec, en limitant les débits, déjà actuellement inférieurs au niveau moyen pluriannuel dans la plupart des cours d’eau, conduirait à une modération de la croissance des ulves à la fin du printemps et au début de l’été.