Les observations réalisées par le CEVA , à partir notamment du survol des principaux sites les 16 et 18 mai 2022, confirment un démarrage très contrasté des échouages d’algues, proche de l’année 2021 : ils s’amplifient sur les baies de Saint-Brieuc et de la Fresnaye, alors que les autres baies restent relativement épargnés par le phénomène.
Les surfaces couvertes par les échouages d’algues vertes sont très variables d’une année à l’autre. Elles dépendent en effet de deux composantes distinctes et complémentaires :
• d’une part, la précocité de la prolifération des algues au printemps, qui est étroitement liée au report du stock d’algues de l’automne précédent,
• d’autre part, la croissance des algues en été, qui dépend des apports nutritionnels (flux de nitrates) entre mai et août.
Situation à la mi-mai
En baie de la Fresnaye, où des surfaces importantes avaient déjà été mesurées en avril, les surfaces et biomasses d’ulvaria progressent encore. Elles seraient 4 à 5 fois supérieures au niveau pluriannuel.
La baie de Saint-Brieuc voit elle aussi ses surfaces fortement progresser. Celles-ci, proches de la situation de 2021, seraient 2 à 3 fois supérieurs au niveau pluriannuel.
Sur ces deux baies, le maintien de conditions « sèches » (débits des cours d’eau faibles), avec des flux d’azote très bas et qui continueraient à baisser, devrait provoquer à échéance proche des limitations fortes pour la croissance des algues. En effet, ces baies sont moins saturées par les flux que d’autres secteurs et les étiages y sont particulièrement bas. En revanche, la survenue d’orages violents et de pluies nettement supérieures aux normales pourrait entraîner une reprise des écoulements, entraînant une re-fertilisation des ulves et la reprise de leur croissance. Un tel phénomène a pu être observé ces 6 dernières années en fin mai ou juin, avec sur quelques jours l’équivalent de 2 mois de pluie.
Lors de ce survol, les autres baies sableuses montraient pour la plupart une présence d’ulves mais sur des surfaces inférieures aux moyennes de mai (Binic/Etables, Trestel, Guissény, Moguéran, Pors-Guen). Sur quelques sites (Baie de Saint Michel en Grève, baie de Douarnenez, anse du Dossen, baie de la Forêt), les niveaux constatés étaient très bas pour le mois de mai. Cependant, dans un contexte lumineux et de température a priori très favorables à la prolifération des algues, ces sites devraient voir leurs surfaces augmenter fortement dans les prochaines semaines.
Selon de premières estimations, en ce mois de mai 2022, le niveau des échouages à l’échelle régionale serait de 50 à 70 % supérieur au niveau pluri-annuel et probablement de 25 % supérieur à mai 2021, mais de 35 à 40 % inférieur au niveau de l’année 2017, la plus précoce. Ce niveau serait dû à près de 95 % aux situations des baies de Saint-Brieuc et de la Fresnaye.
Dans le même temps, comme cela avait été le cas en 2019, 2020 et 2021 et dans des conditions météorologiques assez comparables (lumière abondante en mars et eau littorales peu turbides), les vasières du Golfe du Morbihan et de la Ria d’Etel sont, dans le prolongement d’avril, concernées par des échouages importants, notamment dans le sud du Golfe.
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