Du fait de conditions météorologiques atypiques, la prolifération des algues vertes en 2022 a présenté une dynamique inédite, avec un démarrage très précoce sur les baies de Saint Brieuc et la Fresnaye, mais des conditions de sécheresse ayant fortement freiné le développement des algues par la suite. Le faible stock d’algues au printemps, lié à une dispersion hivernale importante, a entraîné un démarrage très tardif du développement des algues vertes en mai 2023. La situation dans la suite de l’année sera très dépendante des conditions de pluviométrie en juin et juillet.
Une année 2022 atypique…
Comme l’a constaté le Centre d’étude et de valorisation des algues (CEVA) du fait de la forte présence d’algues vertes dès février, le démarrage de la prolifération a été précoce en 2022 : les surfaces d’échouages étaient ainsi 50 % plus élevée en avril et mai que le niveau moyen 2002-2021 et 30 fois plus que le niveau de l’année 2020, la plus tardive de la série. Dans le détail, ce démarrage « précoce » est en réalité dû très largement à 2 secteurs des Côtes d’Armor, à savoir les baies de Saint Brieuc et de la Fresnaye, qui représentaient en effet 93 % du total régional, les autres sites étant peu touchés.
Au global, cette prolifération 2022 résulte de démarrages très hétérogènes suivant les sites (très forte et très précoce reconduction sur 2 sites et quasi absence de reconduction sur d’autres) puis de conditions de croissance en saison printanière et estivale très contrastées. Les conditions de sécheresses ont ainsi entraîné des flux d’azote plus ou moins soutenus arrivant des cours d’eau, dans des baies plus ou moins déjà saturées en azote.
Cette année atypique engendre un cumul annuel 2022 qui est 20 % inférieur au niveau pluriannuel 2002-2021 et 45 % inférieur à l’année 2021, de forte prolifération
Ce bilan régional recouvre en fait des situations locales très différentes. Certains secteurs ont été très peu touchés par des proliférations d’ulves (baie de la Forêt, baie de Douarnenez), d’autres ont vu des proliférations inférieures au niveau moyen (baie de Saint Michel en Grève, du fait d’un démarrage tardif ; baie de Saint Brieuc, malgré un démarrage précoce et du fait d’un effondrement en saison estivale) et d’autres enfin des proliférations plus soutenues (baie du Quillimadec Alanan, baie du Douron, baie de la Fresnaye du fait de son démarrage très précoce et malgré l’effondrement des biomasses dès le mois de juin).
… et une prolifération qui commence tardivement en 2023
Le premier survol du CEVA mi-avril 2023, dans le cadre du suivi de la prolifération des ulves sur les baies sableuses, avait confirmé le caractère très tardif du développement des algues vertes, avec des surfaces couvertes minimes, comme cela avait été le cas en avril 2020, 2018, 2016, 2014 et 2013 (environ 100 fois inférieures au niveau moyen). En mai les surfaces ont très fortement augmenté, surtout du fait de la baie de Saint Brieuc, et dans une moindre mesure de l’anse du Quillimadec-Alanan).
La première estimation par le CEVA des surfaces couvertes sur les baies sableuses en mai fait état d’un niveau environ 20 à 30 % inférieur au niveau moyen 2002-2022 (et près de la moitié de 2002 et 2021).
Ci après, la pointe d’Hillion le 18 avril 2022 et le 17 avril 2023.
Pour les échouages en zones vaseuses, dans le prolongement des observations d’avril, les vasières du Golfe du Morbihan (plus particulièrement le Sud du Golfe et les îles) et de la Ria d’Etel sont, en mai, densément couvertes de dépôts d’algues vertes (Ulve ou Ulvaria).
Pour l’ensemble des sites, le maintien des conditions actuelles (très fort ensoleillement et pas de pluie) peut être favorable à une croissance soutenue des ulves, dans les jours et semaines à venir.
A plus long terme, des conditions de « beau temps » sans pluie engendreraient une forte diminution des débits des cours d’eau, ce qui impliquerait une limitation de la croissance des ulves du fait du manque d’azote. A l’inverse, un retour de pluies importantes ferait remonter les débits donc les flux d’azote dans les cours d’eau, ce qui serait favorable à la poursuite de la croissance des ulves sur l’été.